Qu’est-ce que le Macronisme ?

Par Aurélien PAGE , le 28 avril 2022 , mis à jour le 4 février 2023 - 10 minutes de lecture
qu'est ce que le macronisme
Sport, Médias, Droit, Politique, Histoire, Numérique, Politique ... Oui, les sujets de mes écrits seront riches et variés. J'ai espoir qu'ils susciteront le débat.

Le président sortant, Emmanuel Macron a été réélu président de la République dimanche 24 avril avec 58,5 % des voix face à la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen.  Elle a totalisé quant à elle 41,5 % des suffrages. 

Alors qu’un second quinquennat est en marche, il me paraît essentiel de définir au fond ce qu’est le Macronisme.

Peut-on parler de doctrine politique ? Quel est donc l’ADN du Macronisme ? Est-ce qu’il y a un but précis au Macronisme ? 

Le journaliste politique de France Inter, Thomas Legrand a essayé durant cinq ans de définir ce qu’est le macronisme. Au cours d’une interview sur France Inter juste avant le second tour, Thomas Legrand a posé cette même question à Emmanuel Macron, dont voici la réponse :

« Je crois dans l’économie sociale de marché, je crois dans l’économie de marché ouverte ce qui me distingue des deux autres extrêmes, je crois dans l’indépendance productive, industrielle et dans la puissance du savoir, de la technologie et de la production ».

Il faut bien avouer qu’il s’agit de croyances très larges, loin d’être révolutionnaires, concentrées sur la seule économie. Détail qui a son importance toutefois, Emmanuel Macron d’insister sur l’importance de « la régulation de l’économie » pour ne pas laisser faire le seul marché principe cher aux ultra-libéraux. 

L’ambition macronienne serait alors de faire de la France, « une grande puissance de production, une grande puissance agricole » grâce à l’investissement et ainsi doter l’hexagone d’une économie plus forte.

Le président sortant de parler de sa lutte contre « les inégalités de destin » durant son « premier quinquennat » de quoi réjouir son électorat de gauche tout en reconnaissant que le renouveau politique qu’il a porté en 2017 s’est opposé à son exercice trop classique du pouvoir présidentiel durant cinq ans.

Le nouveau président de la République va-t-il donc changer, se métamorphoser une nouvelle fois durant le quinquennat qui vient et ainsi transformer son exercice du pouvoir jugé trop vertical dans sa prise de décisions ? 

I) Un dépassement des clivages pour aboutir à un extrême centre 

Avant de me plonger dans le fond de cet article, je dois au nom d’une certaine honnêteté intellectuelle vous préciser que j’ai adhéré à En Marche le soir de sa création à Amiens en avril 2016 après le discours du ministre de l’économie d’alors.

Si aucun écrit notable permet de comprendre ce qu’est le Macronisme, peut-être est-il plus simple de le concevoir au travers des croyances d’un modeste militant comme moi tour à tour convaincu puis déçu par le Macronisme. 

Je partageais les constats d’Emmanuel Macron sur notre société, notre pays et je ne pouvais que soutenir son appel à un renouveau politique et à la nécessité d’un dépassement des clivages Droite-Gauche qui avait été la règle du jeu politique héxagonal jusque-là.

En effet, face au chômage et au terrorisme, il était indispensable d’apporter un nouveau souffle au monde politique et donc de dépasser le traditionnel clivage Droite-Gauche pour réunir des femmes et des hommes de bonne volonté désireux de résoudre les problèmes qui touchaient et qui touchent notre pays.

Je ne voyais pas alors dans le Macronisme, une quelconque idéologie, une quelconque doctrine qu’elle soit de Droite ou de Gauche seulement du pragmatisme et une envie de faire, de dépasser le fatalisme de l’époque face aux problèmes de notre temps. 

Je voyais en Emmanuel Macron à cette époque un homme politique qui cassait les codes d’un monde politique dépassé avec des positions à contre courant des partis traditionnels enfermés dans leur jeu d’appareil et idéologique. Oui, il disait les choses et n’avait pas peur de choquer ! 

Je gravitais alors dans le monde du numérique et des start-up, la manière de faire, de s’exprimer du ministre de l’économie rencontrait alors un véritable succès dans ce microcosme. Nous excusions tout de notre « champion » même jusqu’aux mots qui blessent les plus modestes d’entre nous comme celui de l’épisode « des salariés illétrés de chez Gad« . 

J’ai donc pris part à la campagne 2017 du candidat Macron où j’ai occupé de novembre 2016 à mai 2017, le rôle de référent départemental du mouvement en Marche en Mayenne.

Mon département de naissance La Mayenne (53) est un département rural. Je prenais alors un malin plaisir à vouloir casser les codes dans un monde politique local où ce sont les conservateurs de Droite qui étaient jusque-là majoritaires. C’était alors comme beaucoup au sein d’En Marche ma première expérience de militant actif dans le jeu politique.

J’étais foncièrement de gauche mais plutôt partisan d’une gauche responsable, d’une gauche de gouvernement, adepte de la sociale-démocratie en somme. Mais au niveau local et entouré de figures locales de l’UDI, je me suis aperçu rapidement qu’il me serait compliqué d’imposer mes vues de « gauchiste ».

Si j’ai continué le combat jusqu’au soir du second tour de la Présidentielle de 2017, c’est bien pour faire barrage à la candidate de l’extrême-droite, Marine Le Pen. Peu à peu, j’ai perdu en motivation. Je n’étais alors porté que par le dynamisme et l’enthousiasme de celles et ceux qui y croyaient et qui à tout âge prenaient part à leur première campagne politique. Je croyais vraiment dans la promesse macronienne qui consistait à co-concevoir avec le tarrain, la base, le programme du candidat ! Peu à peu, les experts, les technocrates ont repris la main, le pouvoir de décision ! La verticalité des décisions était en marche ! Je n’avais pas l’impression que le terrain était suffisamment entendu, écouté. 

Je n’avais en plus aucun bréviaire idéologique macroniste sur lequel me raccrocher pour continuer à y croire ! Le livre « Révolution » de notre candidat Emmanuel Macron ne se montrait pas alors suffisant !

Jour après jour, je doutais d’En Marche qui au fil des sondages qui montaient ressemblait plus à un « rassemblement d’opportunistes, d’ambitieux, d’anciens giscardiens et militants de l’UDI et du Modem qui voyaient enfin l’occasion de prendre leur revanche sur le traditionnel système Droite-Gauche ». 

Je n’y croyais tellement plus que je me revois parler de « start-up » au sujet d’En Marche devant 200 personnes. Et si ce n’était que ça En Marche ?! Rien de plus qu’une start-up politique capable de porter la bonne parole macronienne !

J’étais alors incapable de définir le progressisme en tout cas à la sauce macronienne. Je me revois juste parler de « celles et ceux assignés à résidence » pour qui il était indispensable d’agir. C’est parce-que j’ai longtemps attendu une définition, une vision idéologique du macronisme que j’espérais la retrouver dans le livre des anciens conseillers d’Emmanuel Macron : David Amiel et Ismaël Emelien, « Le progrès ne tombe pas du ciel« .

Probablement parce-que la pensée macronienne est trop complexe, je n’ai retenu de la lecture du livre des deux conseillers que le fait que le « progressisme macronien consistait à maximiser les possible des individus ». En somme, du bon discours technocratique mais concrètement en quoi consiste le progressisme macronien ? A permettre aux actifs de se former tout au long de leur vie professionnelle ? De doubler les classes de CP dans les quartiers prioritaires ? De baisser de 5 euros par mois les allocations logement des étudiants ? Le progressisme macronien est-il synonyme de justice sociale, principe si cher aux sociaux-démocrates ? 

Est-ce une perception erronnée ou une réalité réelle en tout cas un Macronisme arrogant et méprisant éloigné des réalités quotidiennes des Françaises et des Français s’est installé au fil des mois durant le premier quinquennat ! Emmanuel Macron devenu alors le « président des riches jupitérien » face au mouvement des gilets jaunes a dû se résoudre à retomber sur terre pour tenter de comprendre les attentes et se confronter aux réalités des plus modestes de nos compatriotes. Et à coups de grands débats, Emmanuel Macron capable d’enchaîner les questions/réponses des heures durant est parvenu à reprendre la main. Cet homme sait s’adapter à n’importe quelle situation et se transforme au gré des tempêtes qu’il est amené à affronter. 

II) L’art de s’adapter et de se métamorphoser au gré des circonstances 

L’ancien président de la République, François Hollande avait dit de Macron qu’il l’avait trahi avec méthode. En effet, Emmanuel Macron est un excellent stratège capable de parvenir à ses fins.

Il est un virtuose du « en même temps » mais sa conduite des affaires a fait des déçus à commencer par celles et ceux de sensibilité de gauche qui n’ont pas retrouvé l’espérance portée entre 2016 et 2017. Rappelons qu’Emmanuel Macron a été élu en 2017 avec 60 % des voix des électeurs de François Hollande en 2012. 

Si je ne croyais pas qu’Emmanuel Macron allait changer la vie, le militant actif de son mouvement En Marche croyait malgré tout qu’il allait changer le système, il n’en fut rien !

Il y a eu, les crises, les affaires, de Benalla aux gilets jaunes en passant par le Covid et l’Ukraine. Nous avons alors eu plusieurs Emmanuel Macron avec à chaque fois un nouveau costume. D’abord le président de la République droit dans ses bottes durant l’affaire Benalla qui a laissé sa place au président compatissant et compréhensif des Gilets jaunes puis s’est succédé tour à tour le chef de guerre et l’expert infectiologue durant le Covid, sans oublier le Président de l’Europe, chef de guerre avec la guerre en Ukraine.

Le président Macron a joué de nombreux rôles durant cinq ans. Ses années de théâtre lui ont bien servi ! Plus qu’un personnage de roman, Emmanuel Macron est un personnage de théâtre ! 

Si la première des qualités des gouvernants c’est de savoir s’adapter aux événements alors là oui, Emmanuel Macron est un excellent gouvernant. Et c’est là où l’absence d’idéologie macroniste devient une force puisque le président ne fait pas reposer sa conduite des affaires à des principes politiques.

Nous avons eu le Macron centre-gauche, puis centre-droite voire plus à droite encore avec les lois Sécurité globale et Séparatisme.

Au lendemain des élections présidentielles, le Macron nouveau se veut plus social et écolo, un énième rôle, à coup sûr il sera capable d’endosser le rôle mais sera t-il sincère pour autant ? Emmanuel Macron n’est pas écolo, il a appris à le parler, Macron n’est pas social, il a appris à le parler … Mais qui est-il vraiment ? Qu’est-ce qui se cache vraiment derrière ce sourire ? Le Macronisme ne serait-il que pragmatisme et opportunisme ? La croyance dans l’Europe n’est-elle que la seule valeur cardinale du Macronisme ? 

Les premiers jours du nouveau quinquennat vont nous le démontrer. Il serait bon que le président Macron prenne la parole pour exprimer clairement sa pensée, sa vision de la France, où veut-il nous emmener ? Le macronisme n’est-il pas contraint de se transformer sinon de se réinventer pour éviter de devoir jouer la cohabitation avec un Premier ministre d’un autre camp ? Emmanuel Macron ne devrait-il pas profiter de son nouveau quinquennat pour définir clairement « son idée et sa vision de la France », une conception qui servirait de fondements, de socles à une héritière ou un héritier pour poursuivre le combat à moins bien sûr que le Macronisme ne consiste qu’à servir qu’une seule cause à savoir Emmanuel Macron lui-même ? 

Vous souhaitez débattre sur un des sujets de mes écrits ? Vous êtes en désaccord ou vous partager mon point de vue ? N'hésitez-pas à me contacter pour me permettre d'approfondir mes réflexions.

Aurélien PAGE

Formé au journalisme, je suis rédacteur web en freelance et en entreprise depuis plusieurs années. J'ai été amené à écrire sur des sujets variés (Tourisme, Sports, Droit, Média, Développement personnel, Finance, Emploi, Formation...). Je me suis également formé au copywriting et depuis deux, trois ans je me concentre sur le SEO.

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